"La musique met l'âme en harmonie avec tout ce qui l'entoure"_OscarWilde.
Aujourd'hui, le 28 Juin, mais en 1712 !
Naquit le futur philosophe révolutionnaire du siècle des Lumières, l'illustre Jean-Jacques Rousseau !
Qui n'a jamais entendu parler de cet homme là (en France tout du moins !) ? Je me le demande bien...
Cinq points essentiels sur le vie et l'oeuvre de ce philosophe ICI
Je ne vais pas encore une fois faire une biographie cent fois entendue mais plutôt partager quelques citations savoureuses, encore et toujours d'actualité à notre époque et qui donnent aussi à la réflexion.
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Gallimard, 1965, p. 87Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerre, de meurtres, que de misères et d'horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux, ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : « Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne »
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Gallimard, 1965, p. 94-5Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même, et l’estime publique eut un prix. Celui qui chantait ou dansait le mieux ; le plus beau, le plus fort, le plus adroit ou le plus éloquent devint le plus considéré, et ce fut là le premier pas vers l’inégalité, et vers le vice en même temps : de ces premières préférences nâquirent d’un côté la vanité et le mépris, de l’autre la honte et l’envie ; et la fermentation causée par ces nouveaux levains produisit enfin des composés funestes au bonheur et à l’innocence.
Il y a ainsi un petit nombre d'hommes et de femmes qui pensent pour tous les autres, et pour lesquels tous les autres parlent et agissent ; et comme chacun songe à son intérêt, personne au bien commun, et que les intérêts particuliers sont toujours opposés entre eux, c'est un choc perpétuel de brigues et de cabales, un flux et un reflux de préjugés, d'opinions contraires, où les plus échauffés, animés par les autres, ne savent presque jamais de quoi il est question.Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. GF Flammarion, 1967, partie II, Lettre XIV à Julie, p. 165
Avoir un carrosse, un suisse, un maître d'hôtel, c'est être comme tout le monde. Pour être comme tout le monde, il faut être comme très peu de gens. Ceux qui vont à pied ne sont pas du monde ; ce sont des bourgeois, des hommes du peuple, des gens de l'autre monde ; et l'on dirait qu'un carrosse n'est pas tant nécessaire pour se conduire que pour exister. Il y a comme cela une poignée d'impertinents qui ne comptent qu'eux dans tout l'univers, et ve valent guère la peine qu'on les compte, si ce n'est pour le mal qu'ils font. C'est pour eux uniquement que sont faits les spectacles ; ils s'y montrent à la fois comme représentés au milieu du théâtre, et comme représentants aux deux côtés ; ils sont personnages sur la scène, et comédiens sur les bancs. C'est ainsi que la sphère du monde et des auteurs se rétrécit ; c'est ainsi que la scène moderne ne quitte plus son ennuyeuse dignité : on n'y sait plus montrer les hommes qu'en habit doré. Vous diriez que la France n'est peuplée que de comtes et de chevaliers ; et plus le peuple y est misérable et gueux, plus le tableau du peuple y est brillant et magnifique. Cela fait qu'en peignant le ridicule des états qui servent d'exemple aux autres, on le répand plutôt que de l'éteindre, et que le peuple, toujours singe et imitateur des riches, va moins au théâtre pour rire de leurs folies que pour les étudier, et devenir encore plus fous qu'eux en les imitant. Voilà de quoi fut cause Molière lui-même ; il corrigea la cour en infectant la ville : et ses ridicules marquis furent le premier modèle des petits-maîtres bourgeois qui leur succédèrent.
Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. GF Flammarion, 1967 , partie II, Lettre XVII à Julie, p. 179
Pourquoi, dans une ville si riche, le bas peuple est-il si misérable, tandis que la misère extrême est si rare parmi nous, ou l'on ne voit point de millionaires ? Cette question, ce me semble, est bien digne de vos recherches ; mais ce n'est pas chez les gens avec qui vous vivez que vous devez vous attendre à la résoudre. C'est dans les appartements dorés qu'un écolier va prendre les airs du monde ; mais le sage en apprend les mystères dans la chaumière du pauvre. C'est là qu'on voit sensiblement les obscures manœuvres du vice, qu'il couvre de paroles fardées au milieu d'un cercle : c'est là qu'on s'instruit par quelles iniquités secrètes le puissant et le riche arrachent un reste de pain noir à l'opprimé qu'ils feignent de plaindre en public. Ah ! si j'en crois nos vieux militaires, que de choses vous apprendriez dans les greniers d'un cinquième étage, qu'on ensevelit sous un profond secret dans les hôtels du Faubourg Saint-Germain, et que tant de beaux parleurs seraient confus avec leurs feintes maximes d'humanité si tous les malheureux qu'ils ont faits se présentaient pour les démentir !
Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. GF Flammarion, 1967, partie II, Lettre XXVII. Réponse de Julie, p. 218
Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même; rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit; l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas. Si cet effet n'a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, il est infaillible dans le sentiment commun qui les comprend toutes. Vivre sans peine n'est pas un état d'homme; vivre ainsi c'est être mort. Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privation serait plus supportable.Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau.
Je vous en parle ici, sur un blog pourtant consacré presque exclusivement à la musique car en effet JJ et la musique c'est une grande histoire! Il écrivit un Dictionnaire de la musique mais surtout fut employé a un travail de copiste, bien qu'il ait composé quelques ouvres, comme des intermèdes. Jean-Jacques Rousseau place la mélodie avant la musique, car elle permet l'humanisation du naturel en l'homme, alors qu'il dénie à l'harmonie toute valeur d'émotion. La mélodie n'est que la transcription des passions humaines qu'expriment par leur chant les hommes, définis spécifiquement par leur perfectibilité, c'est-à-dire leur capacité à évoluer, à acquérir et développer toutes leurs faculté et leur imagination, en improvisant leur histoire dans une temporalité non préétablie par une quelconque harmonie plus ou moins pythagoricienne. C'est sans doute grâce à Rousseau que la musique et la chanson populaires ont continué et renouvelé une tradition mêlant poésie et chant, mélange qui aurait été à l'origine des langues et qui se serait produit dans le cadre d'improvisations. D'ailleurs son Essai sur l'origine des langues est sous-titré 'Où il est parlé de la mélodie et de l'imitation musicale'
Jean-Jacques Rousseau x172 est encore vivant et a même un téléphone !
=>J'ai eu Jean-Jacques Rousseau au téléphone ! <=
Pour ceux qui ne connaissent vraiment pas et qui veulent absolument connaître sa vie en long en large (dommage de ne pas avoir eu cette chance au lycée), l'article de wikipédia 'Jean-Jacques Rousseau' est bien fourni !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire